Libérer des Halo dans la peau et le casque de Master Chief, c’est notre passion depuis 20 ans et on ne s’en lasse pas. Les Parias refont parler d’eux et John 117 est enfin de retour avec Halo Infinite ! Vieux éléments dans un nouveau décor ouvert, le gameplay de 343 Industries tient la barre, mais les promesses d’aventures épiques dépassent un peu ce qui est effectivement livré dans ce dernier opus.
Présenté depuis longtemps comme un Soft Reboot et fer de lance en retard pour la SeriesX, Halo Infinite brille par un gameplay nerveux, défouloir, parfois exigeant et disposant d’un nouveau spectre de liberté avec son semi-monde ouvert. Le dernier titre de 343 Industries souffre néanmoins d’un scénario finalement peu approfondi et faussement complexe qui conviendra bien plus aux fans de la licence et risque de perdre certains nouveaux venus. Le Major semble avoir du mal à tourner la page, peut-être est-ce également le cas du studio ayant pris la relève de Bungie il y a maintenant neuf ans.
On fait le ménage
Fini l’escouade de Spartans et tout le tralala. Master Chief se la joue solo sur le fraîchement découvert Halo Zeta. Enfin tout seul, pas vraiment, puisqu’il sera accompagné du Pilote et de l’Arme, une IA qui intrigue depuis quelques temps les nombreux fans de la licence. Notre aventure commence un peu plus d’un an après Halo 5. Alors que notre héros est en très mauvaise posture suite à un affrontement avec les Parias. 117 a en effet essuyé une terrible défaite et le vaisseau UNSC INFINITY a été détruit par la faction découverte dans le précédent Halo Wars 2.
Récupéré par le Pilote (que vous appellerez rapidement Écho 216), le Major entame sa quête afin de découvrir plus en détails pourquoi Cortana est liée à ce Halo Zeta et ce qui lui est arrivé. Il est accompagné de l’Arme, une IA fabriquée par le docteur Halsey dans le but de « détruire Cortana et disparaître une fois cette tâche accomplie ». Cependant, Cortana étant vraisemblablement morte, l’Arme est tout de même encore active. Pourquoi ? À vous de le trouver. En parallèle, notre héros tentera de comprendre pourquoi le Halo a été partiellement détruit et pourquoi la faction menée par le mentor d’Atriox, Escharum, convoite la structure Forerunners.
En fin de compte, l’histoire de Halo Infinite est relativement classique et les larges enjeux n’y sont qu’introduits. Là où l’immensité d’Infinite peut être écrasante, le scénario est bien plus intimiste qu’il n’y paraît.
Le plus gros problème que j’ai pu avoir, à titre personnel, avec cette histoire, c’est que son enjeu « à plus grande échelle » commence là où le jeu se termine. En tant que fan de la licence, j’en ressors plus frustré par le développement de l’univers et je me suis dit « tout ça pour ça » face au générique final. Il ne faut pas oublier que, initialement, ce titre devait être la porte d’entrée vers le début de l’ère Series X ; une introduction vers ce que sera cette génération. En cela Infinite se réintroduit de belle façon. On se retrouve avec plus de questions que de réponses (ho, mon Dieu ! Tetsuya Nomura travaille chez 343) et ce Halo semble plus préparer sa propre suite tout en essayant une ultime fois de tourner la page sur les fantômes du passé…
Que votre cœur s’embrase, Spartan. Sortez les armes et combattez.
Toutefois, l’histoire narrée dans Halo Infinite n’est pas pour autant inintéressante. Derrière l’enquête du Major, elle aborde des thèmes comme, évidemment, le deuil, mais aussi le manque « d’humanité » de notre héros ou encore la résignation. Le tout est habilement mis en parallèle avec les deux personnages accompagnant 117 durant toute l’aventure : l’Arme, une IA joviale, parfois un brin naïve et particulièrement optimiste (qui agacera probablement certains d’entre vous) et Écho 216, un humain « classique », emprunt au doute, à la peur et qui ne juge pas pertinente l’obstination que peut avoir 117 par moment. À l’instar du traitement des antagonistes de Batman, certains ennemis sont une sorte de prolongement du Major ; ou de possibles versions de lui-même « s’il en avait été autrement. »
Le tout est sublimé par une mise en scène pour sa part soignée. Le titre est très bavard, pour notre plus grand plaisir et je tiens à saluer le travail apporté sur le doublage français qui se trouve de très bonne qualité. Le choix d’avoir attribué à Écho 216 la voix de Xavier Fagnon est une excellente idée et donne à son protagoniste une personnalité à la fois drôle et touchante très réussie.
Escharum, l’ennemi principal du titre, bénéficie d’une richesse de traitement équivalente à son ancien disciple.
On regrette cependant la maladresse sur le traitement de certains personnages ; qu’ils soient brièvement cités, ou apparaissant bien plus comme une sorte de fan service. Mais le plus gros problème vient surtout du « coup de balai » vraisemblablement effectué par 343 concernant certains protagonistes du Lore. Oubliez quasiment tout ce qui compose Halo 5 tel que la Blue Team, Lasky, Osiris, etc. De même, la docteure Halsey, très importante dans le Lore de la licence et grandement exploitée dans Halo 5, est « pour ainsi dire » absente du titre. Ce choix est particulièrement déroutant, et pas suffisamment expliqué pour ne pas y voir une simple tentative du studio de mettre la poussière sous le tapis. Vous obtenez tout de même de quelques précieuses informations sur ce Lore en récoltant les divers audio logs du jeu.
C’est avec ces différents aspects que nous comprenons le principe de « Soft Reboot. » Mais l’histoire clivera d’une façon ou d’une autre les fans de l’univers qui vont devoir, à l’instar du Major, faire le deuil de certaines choses… À moins que les scénaristes de 343 reviennent plus tard sur ces éléments occultés ?
Il me faut une arme, et un grappin
Quoi qu’il en soit, Halo Infinite reste Halo (et rappelle en de nombreux points Halo CE), avec son feeling ultra grisant des armes, sa gestion des sauts, ses contrôles de véhicules à la fois stupides et terriblement efficaces, bref tout y est… Mais ajoutez y le grappin.
Ce premier équipement, que vous aurez parmi les quatre se débloquant progressivement, sera probablement celui dont vous vous servirez le plus (et va progressivement faire des ravages en multi). Outre son utilisation pour vous déplacer ou vous voulez sur la relativement grande map du jeu, le grappin vous permet de vous accrocher à vos ennemis, récupérer les armes ou les barils explosifs dispatchés sur les zones, mais surtout, donner du style à chacune de vos actions ! Une fois bien maîtrisé, le grappin confère au Major (enfin surtout au joueur) un nouveau niveau de skill stratosphérique. Le jeu vous invite à vous amuser avec ces équipements pour exploiter au mieux son contenu.
Certaines nouvelles armes débarquent, mais beaucoup disparaissent également. Si des suppressions font sens entre le contexte de cet épisode ou les choix de 343 quant au Lore, j’ai personnellement été attristé de voir le départ du sniper Covenante par exemple. Votre réflexion autour des armes va d’ailleurs changer dans cet épisode. En effet, vous trouverez (souvent) des caisses de munitions durant votre aventure. Différenciées par leur classe de munition, celles-ci vous permettent de recharger vos armes (à l’exception des armes lourdes). A présent, si vous souhaitez garder une arme en particulier, vous pouvez plus aisément le faire en espérant récupérer rapidement une caisse de munitions pour continuer de vous en servir, et ce, malgré son absence « physique » dans une zone.
Le bestiaire reste, quant à lui, relativement identique à celui des précédents opus avec l’ajout de deux nouvelles classes. Cependant, cet épisode ajoute des Boss à votre périple. Que ce soit via l’aventure principale, ou les différentes chasses aux cibles annexes disséminées sur la map, vous vous retrouvez devant des ennemis disposant d’une barre d’armure et de vie apparaissant au-dessus d’eux. Toutefois, ces variants se trouvent être simplement des adversaires sous hormones, un brin plus puissants et résistants que leur version classique. Quelques Boss demandent l’utilisation d’une compétence plus qu’une autre pour vous faciliter la tâche, mais rien de plus.
Ce Halo Infinite souffle également un coup de neuf dans la licence avec son monde semi-ouvert. Celui-ci dispose d’une construction rappelant la série des Batman Arkham, par exemple. En effet, vous bénéficiez d’une map ouverte dont certaines zones ne sont accessibles uniquement via votre progression dans l’histoire ou l’obtention de véhicule volant.
Des zones sous contrôle Parias sont à débloquer, que ce soit pour les convertir en zone UNSC ou pour le plaisir de détruire tout ce que votre ennemi construit. Les « donjons, » essentiellement liés à votre progression dans la quête principale, nécessitent eux un temps de chargement lorsque vous y entrez.
Sur la carte, vous pouvez également partir à la recherche de ressources vous permettant d’améliorer vos équipements. Ainsi, vous pouvez réduire le cooldown de votre grappin, augmenter le nombre de dash disponible, ou encore agrandir la zone d’effet de votre radar. De même des casiers donnent des pièces pour customiser votre spartan en multijoueur.
Enfin, vous avez la possibilité de partir à la chasse aux fameux crânes (modifiant le jeu de façon parfois loufoque), mais aussi les divers audio logs ou les archives Forerunners.
Vous aurez de quoi faire pour profiter de ce jeu. Sachez qu’il vous demandera moins de dix heures en ligne droite (ce qui n’a strictement aucun intérêt) et un peu plus du double pour faire toutes les activités (sans compter les crânes). J’aurai personnellement tendance à vous inviter à lancer votre partie directement en héroïque. Si la difficulté normale est plutôt bien dosée, Halo Infinite gagne bien plus de corps en difficulté plus avancée et vous demande de réfléchir un peu plus sur votre approche des combats.
On pourrait reprocher l’absence totale de contexte pour les marines que vous « récupérez » pendant votre aventure. Certains sont capturés, d’autres arrivent une fois une zone acquise. Mais d’où viennent-ils ? Ont-ils nommé leur leader ? Quelqu’un peut nous raconter leur parcours entre l’INFINITY et Halo Zeta ? Bref, il y a un manque de profondeur pour ces personnages qui se résument malheureusement de nouveau à de la simple chair à canon pour vos différents combats.
Un Halo crossgen qui s’assume
Halo Infinite est un flagrant hommage à Halo CE. Mais il y gagne également ses défauts, en particulier son absence de variété de décors. En effet, Infinite se résume à ses paysages « classiques » montagneux/forestiers rappelant le Montana, et ses « donjons » Forunners équipés de pont de lumière solide. Si la nostalgie est présente pour les fans, les nouveaux joueurs, eux, pourront vite se lasser de cette répétitivité. La présence d’un passage jour/nuit dynamique permet de varier la colorimétrie, mais n’influe aucunement sur le comportement de vos adversaires.
Les développeurs ont effectué un sérieux travail sur le confort de jeu. Le titre est lisible, la prise en main est limpide (un léger bémol sur l’utilisation des touches directionnelles pour le changement de grenade et d’équipement, un peu laborieuse). Les collectibles sont facilement repérables avec une différence de couleur de surbrillance lorsque vous utilisez votre scan. De même, un son différent pour chacun d’entre eux est audible afin de signaler leur présence. Encore une fois, et à l’instar de ce qui a été fait dans les précédentes productions Xbox Studios, une attention remarquable a été apportée à l’accessibilité au jeu (malheureusement trop souvent absente pour encore devoir être saluée lorsque cela est bien fait).
Pas de place pour les amis
Il est impossible de ne pas sanctionner 343 de l’absence, pour l’heure certes, de la coop pour cette campagne. D’un bout à l’autre du jeu, on ressent que celle-ci a été pensée pour être faite à plusieurs. De plus, cette composante a toujours fait partie de l’ADN de la licence. Enfin, cette campagne est bien moins propice à la re jouabilité, tout du moins sur son aspect découverte inné aux mondes ouverts (ou semi-ouvert ici) qui sera perdu lors de votre deuxième run, plus axé vers la performance et le challenge. À l’heure de l’écriture de ce test, nous savons que 343 prévoit de rendre disponible le mode Coop d’ici la saison 2 du multijoueur, c’est-à-dire en mai 2022. Nous espérons sincèrement que les joueurs n’auront pas à attendre si longtemps pour bénéficier de cette feature indispensable.
Testé uniquement sur SeriesX, Infinite est joli, mais n’est clairement pas une claque graphique. Le jeu reste crossgen et cela se voit. Le travail sur les différents éclairages compense la faiblesse de certaines textures. Nous avons pu constater quelques soucis de cliping et des ombres folles (même sur notre propre arme). Toutefois, nous sommes très loin du triste rendu observé il y a plus d’un an ; les mauvaises langues ne pourront pas dire que ce report n’a pas été bénéfique à la qualité graphique du jeu. De plus, la version testée n’est pas celle à laquelle vous aurez accès le 8 décembre prochain et le studio a soulevé déjà certains problèmes qui sont ou seront corrigés d’ici la sortie.
Un soin tout particulier semble avoir été apporté aux différentes cutscenes d’Infinite. La mise en scène est minutieuse, un jeu de « caméra » s’opère pour garder une apparence de plan-séquence (à l’instar de ce qui a magnifiquement été fait sur le dernier God Of War). Il demeure cependant quelques soucis de disharmonie dans les différentes expressions faciales, parfois trop exagérées et donnant un rendu peu naturel. Les yeux sont également parfois « un peu fous » sur les divers personnages.
Le roi du multi est de retour, avec tracas
À l’heure actuelle en bêta (ne l’oublions pas), le multi d’Halo Infinite a pu être essayé gratuitement par de nombreuses et nombreux Spartans. La nouvelle formule Free to Play du multi d’Halo à su prendre les bons points de ses grands frères à défaut de se réinventer soi-même. Les plus anciens retrouveront ce qui avait fait le charme du multi de Halo 3 dans de nombreux points, mais aussi quelques touches d’Halo 5 pour conserver une certaine nervosité plus actuelle.
Les anciens joueurs n’auront aucun mal à retrouver leurs marques une fois l’armure de nouveau sur leurs épaules. Nous retrouvons le combo classique de combats à armes à feu couplé à des attaques de mêlée et divers lancer de grenades à tout-va. Les plus anciens seront ravis de revoir leur magnum récupérer ses lettres de noblesse tant celui-ci est redevenu létal. Les véhicules sont toujours présents et arriveront sur la carte au fil de la partie. De même, des stocks d’armes sont présents sur la carte et nécessiteront un cooldown pour reparaître une fois prise. Enfin, des armes lourdes pourront également se montrer et votre IA vous avertira quand celles-ci seront sur le point d’apparaître.
En parallèle des quatre disponibles dans la campagne, vous trouverez des équipements supplémentaires sur les cartes du mode multi. Vous obtiendrez par exemple un surbouclier ou encore un camouflage optique qui ravira les joueurs d’épée de lumière solide. Ces équipements pourront rapidement inverser la vapeur durant les combats s’ils sont habilement utilisés.
Vous personnalisez votre Spartan grâce aux diverses récompenses du Battle Pass, mais aussi via les collectibles de la campagne
Dans le contenu multi, rien de neuf, que du vieux. Le titre propose des modes de jeu ultra classiques. Mais n’est-ce pas ce que l’on attend de lui ? En effet, si vous cherchez un FPS multi innovant, vous n’êtes pas au bon endroit. De même, si compétitif est synonyme de Battle Royale ou de combat à 40 VS 40, Halo Infinite ne pourra pas répondre à votre demande. Le multi d’Infinite vous propose tout ce que le multi d’Halo peut être en 2021 : classique, accessible, un poil lourdo, mais terriblement efficace et addictif. Vous retrouvez même l’intégralité des armes disponibles dans la campagne solo. Attention, certaines monteront leur plein potentiel dans le multi alors que d’autres se verront bien moins utiles que lors de vos affrontements avec les Parias.
Évidemment, je me dois d’évoquer le Battle Pass et le gain d’EXP. Grandement critiqué par la communauté, ce BP ne proposait pas un spectre de quête suffisamment large, et ne donnait pas assez d’XP pour faire monter sereinement son niveau. Faute de quoi, les joueurs estiment que le studio incite à passer à la caisse pour pouvoir progresser dans les niveaux. Avec un Battle Pass coûtant l’équivalent de 10 €, la note risque de vite être salée. Pourquoi « proposait » ? Car depuis sa sortie, le 15 novembre dernier, le studio a revu beaucoup de choses sur son Battle Pass et permet aujourd’hui aux joueurs de débloquer plus confortablement les différents cosmétiques pour cette première saison.
Qui dit Free 2 Play…
Toutefois, on regrettera un manque de profondeur dans cette personnalisation. Dans Infinite, vous ne pourrez, par exemple, pas choisir librement la couleur de votre avatar comme ce fut le cas dans certains précédents opus. De même, le choix d’accessoires est aujourd’hui très faible et provoque par conséquent un nombre incalculable de Spartan identique sur le champ de bataille. De plus, le nombre de map est très pauvre à l’heure actuelle. Ces points seront amenés à évoluer au fil du temps et des saisons. Si 343 garde un suivi assidu sur ce multijoueur plus que prometteur. Nous pouvons espérer avoir un mode de jeu prêt à durer dans le temps.
Verdict
Halo n’est pas mort, loin de là. Mais, à qui est destiné ce Halo Infinite ? Nous avons tendance à penser qu’il s’agit ici d’un nouvel hommage à la licence, certes bienvenu pour fêter dignement ses 20 ans. Mais, ayant été annoncé comme un Soft Reboot, cet épisode est bien trop « fouillis » et n’aide pas les nouveaux joueurs à découvrir son univers intéressant. Les plus anciens se demanderont si Halo CE pourrait ressembler à cela de nos jours. Son histoire clivera pour sûr les fans entre son fond ambitieux et ses divers oublis (volontaires ou non) ; elle amorce toutefois de probables belles choses pour la suite. Finalement, cet épisode reste un pur plaisir manette en main. La nouvelle liberté octroyée aux joueurs couplée à l’ajout de certaines armes et, surtout, le grappin, renforce la sensation de puissance qui émane de 117. Enfin, bien que controversé actuellement pour sa politique d’expérience, le multijoueur d’Halo Infinite demeure une véritable réussite qui, quant à elle, parviendra à convaincre les nouveaux venus comme les plus anciens. Le studio a déjà prouvé l’écoute dont il a fait part pour satisfaire les joueurs. Par conséquent, il y a fort à parier que ce multi n’aille que dans la bonne direction. En tout cas, c’est ce que nous souhaitons.